Diniz, le bonheur en marchant

La France en rêvait depuis l'ouverture des Mondiaux, Yohann Diniz l'a fait. Champion d'Europe sur la distance, le Rémois a décroché, samedi à Osaka, la médaille d'argent du 50 km marche, derrière l'Australien Nathan Deakes, offrant à la délégation tricolore sa première breloque de la semaine. Une éclaircie de courte durée dans le ciel des Bleus puisque, dans la foulée, le relais 4x100 féminin, sacré en 2003 à Paris, échouait dès le stade des séries, la faute à une transmission de témoin mal assurée à l'entrée de la dernière ligne droite.

La France ne rentrera pas bredouille d'Osaka. Après une semaine de compétition rythmée par la faillite de ses plus beaux fleurons (Arron, Baala, Barber...) et tout juste adoucie par les cinquièmes places méritoires de Djhone (400m), Boslak (perche) Tahri (3000m steeple) et Duarté (3000m steeple), la délégation tricolore tient sa première médaille des championnats du monde. Une breloque en argent décrochée au terme de près de quatre heures d'efforts par Yohann Diniz, deuxième du 50 km marche derrière l'Australien Nathan Deakes. Une belle récompense pour le Rémois, déjà champion d'Europe en titre sur la distance, et pour la marche en général qui va profiter de la performance du Français pour sortir de l'anonymat dans lequel elle est trop souvent confinée au sein de nos frontières.

"On est très heureux pour Yohann, pour les garçons de la marche et pour la marche en général parce que c'est une discipline souvent restée dans l'ombre, a commenté à chaud Franck Chevallier, le directeur technique national, au micro de France Info. Et aujourd'hui, elle est sous les feux des projecteurs. Ils ont investi énormément dans leur préparation, ça fait un an qu'ils y sont. Yohann a eu énormément de choses à gérer après les championnats d'Europe. Il l'a fait en grande intelligence, avec humilité. Il a annoncé depuis longtemps qu'il voulait être présent ici, il l'a été."

Les larmes de Schwazer

Rien ne sert de courir, il faut partir à point ! Une devise dont pourrait faire sienne Yohann Diniz, heureux d'apporter à la France sa première médaille de la semaine. Une distinction que le postier de Reims est allé chercher autant avec les jambes qu'avec la tête. "C'est deuxième place est le fruit d'une année de travail. Et le résultat d'une course prudente, confie le Français dont les propos ont été rapportés sur le site officiel de la Fédération française d'athlétisme. Ce n'est pas une victoire, mais c'est beau quand même. Avec ces conditions de course, la médaille d'argent est un exploit."

Toujours placé aux avant-postes, Diniz est en effet passé tout près de la correctionnelle quand, aux alentours du 30e kilomètre, il plaçait une accélération pour se détacher seul en tête de la course. "Quand j'ai attaqué pour prendre la tête, je l'ai sans doute fait un peu fort, explique-t-il, lucide quant à sa partition dans les rues d'Osaka. Cette accélération a alerté les juges. Et j'ai reçu deux cartons. Après, j'ai préféré assurer. L'Italien revenait fort, mais je savais que je pourrai relancer sur la fin et le contenir. J'aurais pu aller chercher l'Australien, mais je n'aurais peut-être pas terminé la course." Sous la menace d'une disqualification, le marcheur français, conseillé par Denis Langlois, l'ancienne référence tricolore en la matière, a préféré assurer l'argent derrière Nathan Deakes, lequel devient le troisième athlète australien de l'histoire champion du monde après Cathy Freeman et Jana Rawlinson, la spécialiste du 400 mètres haies. Ce podium des forçats de la route est complété par l'Italien Alex Schwazer, très mécontent de sa course au point de se débarrasser avec colère de son dossard une fois la ligne d'arrivée franchie et de fondre en larmes dans le tunnel du Nagai Stadium.

4x100 mètres (D): Le couac
Elles représentaient, avec Yohann Diniz et Romain Mesnil, les dernières chances tricolores dans ces Mondiaux 2007. Carima Louami, Muriel Hurtis-Houairi, Fabienne Beret-Martinel et Christine Arron n'ont pas répondu à cette attente. La faute principalement à une transmission de relais mal assurée entre ces deux dernières au moment où la finaliste du 100 mètres s'élançait dans la dernière ligne droite. Contrainte de ralentir son démarrage pour attendre le témoin, Arron n'a franchi la ligne de la première série qu'en septième position. Loin, trop loin, de la Belgique, de la Russie et de la Biélorussie, trois nations qualifiées pour la finale au même titre que la Pologne, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Jamaïque et les Etats-Unis.